Le « covidien » de Béatrice Revol – Restauratrice

Béatrice Revol, restauratrice : « Dans l’assiette c’est pareil, mais sans clients c’est différent » 

Elle n’a qu’une hâte : « passer un coup de Kärcher sur la terrasse » de son salon de thé. D’ordinaire, lorsque le soleil pointe son nez, elle peut accueillir un peu plus de 25 couverts. Béatrice Revol a ouvert il y a trois ans « Mademoiselle liberthé », un endroit convivial en plein cœur de la ville de Sénas (13) – 7.000 habitants – à deux pas du théâtre de la ville.  Chaque jour, elle y prépare seule des plats « faits-maison » : cakes, tartes, desserts, etc. Ce qu’elle préfère ? La grande verrière de la cuisine qui donne directement sur le bar et la salle de réception. « L’idée c’est de préparer des gâteaux tout en parlant aux copines qui viennent au bar dire bonjour. « Je ne suis jamais seule ! » se réjouit-elle. Un lieu cosy et de rencontres où il faut parfois faire des coudes pour trouver une place. 

Il y a un mois, quand elle apprend la fermeture des lieux publics, c’est d’abord la panique. Impossible de livrer, elle n’a pas les le matériel adéquat. Béatrice fonce chez le distributeur Metro acheter de quoi emballer des plats à emporter : « j’avais déjà expérimenté auparavant, je me suis dit que ça pouvait être la solution. » Elle décide, sur sa page Facebook, de publier chaque jour des menus à emporter. Des plats toujours différents, avec des fruits et légumes de saison, « en ce moment c’est l’asperge. » Mais dans son restaurant, Béatrice se sent bien seule, « maintenant quand je cuisine, j’écoute la radio » et a de la peine pour ses clients : « c’est la même chose dans l’assiette mais en fait c’est différent. Manger sa tarte chez soi, ça n’a rien à voir ». Même si la solitude dans le restaurant lui pèse, la recette « à emporter » semble trouver ses marques. Depuis le confinement, elle a réalisé 40% de son chiffre d’affaires et a gagné 100 abonnés sur sa page Facebook : « au début, des amis commandaient pour m’aider mais ils se sont vite rendus compte que cuisiner tous les jours pour sa famille, ce n’était pas simple donc ça dépanne ! ». Pour l’instant elle n’est pas inquiète. Elle sait qu’elle peut tenir avec sa trésorerie et ce rythme. Un rythme moins soutenu, pour celle qui d’habitude ne termine jamais avant 20h « et ne me demandez pas de cuisiner le week-end ! » s’exclame-t-elle. Depuis un mois, Béatrice a retrouvé le plaisir d’être chez elle, “ d’avoir deux grasses matinées ”, et surtout de tester de nouvelles recettes pour son restaurant. Au menu aujourd’hui, c’est d’ailleurs un plat inédit : gratin de pommes de terre, lardons et champignons.

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