- Bonjour et merci d’avoir accepté cette entrevue pour notre Newsletter de rentrée ! Pourriez-vous dans un premier temps vous présenter ainsi que votre parcours ?
Enchanté, je suis Christophe Etienne. Je travaille dans l’industrie de la santé depuis 10 ans. Ma carrière s’inscrit autour de trois piliers. Le premier est celui de la grande consommation où j’ai notamment travaillé pour Danone. Le second pilier est celui de la cosmétique (5 ans au sein du groupe LVMH) où j’ai cette fois-ci travaillé à l’échelon national. J’y ai eu des postes à responsabilité, dans la direction des ventes, ou encore de BU. Cela m’a permis d’y explorer les aspects marketing de la cosmétique, très importants dans ce secteur. Enfin, sur le troisième pilier, celui de la santé, j’ai pu largement pratiquer le conseil et la prescription. Sur les dix dernières années, j’ai travaillé à la fois dans la santé humaine (Galderma, IBSA) et la santé animale (Zoetis).
Quand je travaillais au sein de LVMH, mon directeur m’a invité à intégrer le réseau dans lequel il était lui-même inscrit : le réseau Oudinot, formé de 500 cadres dirigeants, et qui existe depuis 20 ans. Leur objectif ? S’entraider et se mettre constamment à jour des actualités business et managériales. Il y a beaucoup d’évènements et de conférences. On a également créé des « speed networking », des ateliers pour permettre à celles et ceux qui se sentent un peu perdus de se remettre en selle. L’idée est d’éviter l’isolement et de préparer son coup d’après. Aujourd’hui, on sait bien que la vie professionnelle est faite de changements, d’évolutions, parfois aussi d’accidents de parcours, mais il ne faut jamais s’arrêter et toujours rebondir.
J’ai eu l’occasion de participer aux recrutements de plusieurs candidats. On vérifie qu’il y ait une réelle adhésion à des valeurs qui nous sont chères, comme celles de contribution et d’engagement. On veut des gens actifs. J’ai également participé à l’organisation des grands évènements. Je m’y suis épanoui et un jour, j’ai intégré le bureau avant d’être élu vice-président puis président du réseau durant 6 ans.
Comme tout ce travail est sur la base du bénévolat, et qu’il s’agissait donc d’une activité en parallèle de mon poste, cela demandait beaucoup de temps et d’énergie. Dans mon dernier poste, j’étais basé à Nice et je devais faire beaucoup d’allers-retours sur Paris, ce qui a fini par devenir trop compliqué à gérer. Je suis toujours membre du réseau, je continue de contribuer à travers un atelier mensuel que je dispense, « Les fondamentaux du networking ».
- L’idée aujourd’hui est de s’intéresser aux forces et aux faiblesses que peuvent apporter un réseau dans le cadre professionnel. Que ce soit pour des personnes en recherche, pour des objectifs commerciaux, de partenariat, etc., on se demande quel rôle joue véritablement le réseau qu’on se crée tout au long d’une vie. Avez-vous déjà sollicité votre réseau à des fins professionnelles ? Que cela vous-a-t-il apporté ?
Les forces du réseau sont multiples. C’est un moyen de pouvoir obtenir de l’information parfois cachée ou pas encore divulguée, ce qui en fait un atout considérable. Aujourd’hui, c’est une clé mais cela ne sert pas que pour la partie emploi. Quand on recherche un partenaire, une solution, cela peut aussi aider à débloquer une situation.
Le second atout dans le réseau est d’éviter la solitude et l’isolement dans une situation de chômage par exemple. Même en ayant droit à du coaching, de l’outplacement, ou à un accompagnement, le réseau donne une ressource sur le long terme. Comme je le dis souvent dans la conférence que j’anime, le réseau n’est pas un état fixe, ce n’est pas dire « j’ai du réseau », c’est plutôt affirmer « je développe et je cultive mon réseau ». On peut partir de peu et se construire du réseau. Mais sa complexité, c’est qu’il faut bien l’entretenir. Cela demande du temps, de l’abnégation et de l’effort.
Je ne vois pas réellement de faiblesse dans le réseau, mais je dirais que le premier cercle qui le compose n’est pas le plus facile, contrairement à ce que l’on croit. On pense que la relation amicale peut donner de la connexion. Mais un ami peut avoir du mal à en donner, justement de par la nature de la relation. On dit même que l’efficacité du réseau est bien plus puissante lorsqu’on atteint le cercle trois ou quatre ! Mais ce n’est pas tant une faiblesse qu’un obstacle à surmonter. Il en est de même pour son aspect chronophage : il est rarement efficace à court terme.
J’ai personnellement déjà fait appel à mon réseau à des fins professionnelles, et cela m’a permis de changer de secteur d’activité, en passant de la grande consommation à l’univers de la cosmétique. Il n’est pas du tout simple de faire ce saut entre deux secteurs. Je me suis rapproché de personnes qui avaient ce savoir de compétences transférables et des conseils à partager, et c’est ce qui m’a permis de faire ce changement.
- Dans le cadre de votre métier, dans quelle source allez-vous puiser en priorité pour espérer le meilleur résultat ?
Je suis actuellement en recherche. En priorité, je ne vais pas travailler mon réseau. Si je dois remplir un objectif professionnel et que je prends une fonction de DG, je vais d’abord rencontrer chacune des personnes, écouter, observer, me renseigner rapidement sur le passé de l’entreprise et sur ce qui a fonctionné ou pas, pourquoi et comment. A côté, j’ai ma propre expérience qui me donne des outils d’analyse solides. Je connais les clés, mais aussi les freins qui peuvent exister.
Dans ce cadre-ci, le réseau peut toujours être utile, mais il est aussi bénéfique de se faire sa propre opinion et ne pas se contenter seulement de ce que l’on peut entendre. Nous restons des humains, il y a donc toujours une part de jugement et une marge d’erreur à ne pas négliger.
Et sur la recherche d’emploi, c’est la même chose. Il ne faut pas oublier les cabinets de recrutement, les annonces en ligne, les réseaux sociaux professionnels… Plus on recherche des postes de haut niveau, plus le réseau est important, mais il en est de même pour le cabinet de recrutement ! J’ai rarement vu une entreprise se passer d’un expert pour jauger et évaluer une personne, d’autant plus qu’un mauvais recrutement coûte très cher.
- Selon vous et d’après vos expériences, diriez-vous que le réseau, comme on l’entend souvent, est une clé de réussite professionnelle ?
C’est une clé indispensable ; ne pas en faire est une grossière erreur. On a tout à y gagner. C’est ce que j’explique aux personnes qui postulent pour rejoindre le réseau Oudinot : ils vont trouver une communauté tellement large qu’ils auront l’opportunité de rencontrer énormément de nouvelles personnes. Je leur dis souvent qu’on ne travaille pas son réseau seulement quand on est en recherche, en mode « pompier ». C’est un outil qui se pratique au quotidien. Pour moi, le réseau professionnel est une démarche, une attitude qui s’entretient dans le temps, et qui permet d’être aidé autant que d’aider. C’est comme la pratique sportive, il ne sert à rien d’en faire seulement deux mois par an. Si je devais donner un conseil pour quelqu’un qui ne saurait pas par où démarrer : le réseau ne s’improvise pas. C’est de la pratique, de l’entrainement. Pour cela, il y a des étapes à respecter. Le plus gros danger est de partir trop vite et de se brûler les ailes. Un manager ne dit jamais à ses commerciaux d’aller voir leur plus gros client en première instance ; c’est prendre le risque de se planter parce qu’on n’aura pas testé l’argumentaire produit ni les objections sur des plus petits clients pour se roder. C’est la même chose pour le réseau. Il y a des choses à dire et à ne pas dire. Certains ne savent pas se présenter, et cela peut avoir un gros impact sur la suite de l’échange.
Je conclurai en rappelant que pratiquer le réseau n’est pas une affaire d’âge. Je conseille vivement aux plus jeunes de cultiver leur réseau quotidiennement. Ma fille ainée, par exemple, a trouvé son emploi par relation. Je l’ai invitée à une conférence organisée par ma banque privée, et c’est ainsi qu’elle a trouvé son premier job. Même à 24 ans, c’est possible !
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