Emilie de Bueil – Coach et psychologue du travail

  • Bonjour et merci d’avoir accepté cette entrevue pour notre Newsletter de rentrée ! Pourriez-vous dans un premier temps vous présenter ainsi que votre parcours ?

Bonjour, je suis Emilie de Bueil. J’ai intégré Dauphine en économie, puis une faculté de psychologie avant de suivre une formation de coaching. J’ai toujours tenu à avoir un pied dans le monde du travail et un autre dans la psychologie. C’est un équilibre que je maintiens depuis le début de ma carrière.
Je fais parfois des animations, des conférences, des évaluations pour des entreprises clientes de notre cabinet Paccard-Balmat. Mais de manière plus globale, la majorité du temps, j’accompagne des individus vers un changement devenu nécessaire pour eux.

  • L’idée aujourd’hui est de s’intéresser aux forces et aux faiblesses que peuvent apporter un réseau dans le cadre professionnel. Que ce soit pour des personnes en recherche, pour des objectifs commerciaux, de partenariat, etc., on se demande quel rôle joue véritablement le réseau qu’on se crée tout au long d’une vie. Avez-vous déjà sollicité votre réseau à des fins professionnelles ? Que cela vous a-t-il apporté ?

Oui, bien sûr, j’ai souvent sollicité mon réseau ! Quand je pense à la notion de réseau, je pense à celle d’entraide, c’est-à-dire : « Comment l’autre participe-t-il à ma réussite ? Et comment puis-je aider quelqu’un à grandir ? ». Et là, pour moi, c’est une évidence. Nous sommes tous des animaux sociaux, nous ne sommes donc pas grand-chose en tant qu’unité. Si j’enlève autour de moi tous mes amis, les gens qui m’ont appris, il ne reste que peu de choses. Je suis aussi toutes les personnes qui m’entourent, et c’est grâce à elles que je développe certaines facettes, certaines compétences, certaines aptitudes de ma personnalité.
Je suis née à Paris et je pratiquais le tennis en compétition dans des clubs sportifs prestigieux ! Plus jeune, j’ai cherché — à tort — dans un milieu favorisé une validation auprès de gens qui ne comprenaient pas vers quel idéal je tendais — ou à qui je n’arrivais pas à le faire comprendre. C’est un peu comme si un oiseau demandait à un tigre comment bien voler ! On se dit : « Il a réussi dans son domaine, alors il a forcément quelque chose à m’apporter pour ma propre réussite. » Et c’est frustrant pour les deux : l’oiseau ne reçoit pas les réponses dont il a besoin, et le tigre n’arrive pas à aider et perd son temps. Je pense que beaucoup font cette erreur parce qu’on manque parfois d’une vision plurielle de la réussite.
Bien sûr, il est toujours intéressant de partager avec des gens dotés d’idéaux divers et différents, mais ce n’est pas pour autant que leurs clés seront les miennes. J’ai compris cela quand j’ai rencontré des personnes pour qui j’avais de l’admiration et dont les propos me parlaient réellement. Ce n’est pas que leur réussite me rassurait, c’est qu’ils me faisaient vibrer et qu’ils me donnaient envie d’avancer !

Aujourd’hui, j’ai un réseau pour ma facette psy, un réseau pour le coaching en entreprise — dans les deux cas en France et au Québec — et un réseau pour ma vie de joueuse de tennis ! Et maintenant, ces réseaux se croisent, mais ça c’est la vie ! Il me manque un réseau pour la négociation et la gestion de conflit, je suis à l’affût.

Quand on me parle de réseaux, une deuxième notion me vient à l’esprit : celle de la découverte. Bien sûr, j’aurais dû prendre le temps de découvrir d’autres mondes, d’autres perspectives très riches. Mais il y a eu deux choses. Premièrement, business et psychologie semblaient pour beaucoup, il y a plus de dix ans, deux mondes différents — ce qui est moins le cas aujourd’hui. Et deuxièmement, c’est trivial, mais avec trois enfants à la maison et un mari qui travaillait six jours sur sept, j’ai été prise dans le compresseur du quotidien. Je n’ai aucun regret, car mes priorités étaient les bonnes. Mais de fait, j’avais peu de disponibilité. C’est aujourd’hui que je peux prendre plus de temps pour découvrir des gens qui sont aux antipodes de ce que je fais. Chaque âge son plaisir !

  • Dans le cadre de votre métier, dans quelle(s) source(s) allez-vous puiser en priorité pour espérer le meilleur résultat ?

J’ai énormément de sources. Bien sûr, je fais appel à l’autre. Je le fais toujours avec respect et méticulosité : je demande un temps court pour répondre à une question précise. Je respecte ce temps accordé, et je préviens de ce que je vais faire de la réponse. C’est plus efficace et gratifiant pour celui qui aide. C’est ainsi qu’un lien positif se crée.

Ensuite, mes autres sources sont principalement des articles scientifiques en psychologie, des livres, des conférences. Les gens que j’accompagne m’apprennent également beaucoup. Ils ont souvent une connaissance assez forte dans un domaine que je ne maîtrise pas, et cela me nourrit.

Comme je suis à la fois dans un monde clinique et dans un monde d’entreprise, il y a parfois des idées que je trouve dans l’un et qui vont m’inspirer pour l’autre. Le fait d’être un peu déboussolée par un comportement ou un automatisme que j’observe dans le premier environnement me pousse à me demander comment cela fonctionne dans le second. Par exemple, on travaille beaucoup la forme des réunions en coaching : quelle forme, quelle fréquence, quelle durée, pour quel public, quel but, quelle organisation. À l’hôpital, cela existe peu ! Inversement, en entreprise, les gens sont très centrés sur le contenu, et moins sur la manière dont ils se parlent. Tout cela représente une grande source pour moi.

  • Selon vous et d’après vos expériences, diriez-vous que le réseau, comme on l’entend souvent, est une clé de réussite professionnelle ?

D’une certaine manière oui : puisque pour toutes les facettes que j’ai envie de faire grandir en moi, il me faut des gens autour. Je vais devenir ce que j’ai envie de devenir, mais toujours en me nourrissant d’eux.

Les livres ou les articles pourraient tout à fait m’apporter cette matière dont j’ai besoin pour évoluer, mais si je lis quelque chose et que je n’en parle à personne, ou que je n’en fais rien avec un coaché par exemple, je crois que cela part dans un puits de l’oubli. C’est plutôt une manière de me nourrir pour ensuite nourrir mon réseau. Appartenir à un collectif auquel on tient favorise le développement des potentialités, l’évolution professionnelle. Et on le sait aussi : cela protège de la solitude et de la dépression.

Donc oui, les réseaux auxquels on tient, qui réveillent le sentiment d’admiration et la curiosité d’esprit, sont précieux pour chaque potentialité qui dort en nous — qu’elle soit professionnelle ou personnelle d’ailleurs. Pour conclure, je dirais que réseauter pour réseauter, de manière calculatrice et intéressée, très peu pour moi ; mais le réseau comme ouverture, curiosité, découverte, parce que c’est ça une vie d’animal social, être en relation, sans même savoir pourquoi, sans même savoir ce que cela va donner, ça oui !

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