Chloé Maisonnas, professeure des écoles : l’égalité de l’enseignement, même à la maison.
Plus de 12 millions d’élèves sont confinés en France. Pour maintenir leur apprentissage, même à distance, certains professeurs ne manquent pas d’imagination. Rencontre avec Chloé Maisonnas, institutrice en CP en milieu rural.
Quand Chloé Maisonnas apprend qu’elle sera séparée de ses 18 élèves de CP pendant un moment, elle garde son calme et met en place directement un « plan d’attaque ». Dans le village où elle enseigne, à Mureils (Drôme), tous n’ont pas une bonne connexion internet ou de quoi imprimer. « Entre les parents et les moyens techniques de chacun, je ne voulais pas que mes élèves soient inégaux pendant le confinement », alors elle décide de préparer des leçons pour les cinq prochaines semaines. Des cours de français, mais aussi des maths…. Des exercices fichés qu’elle prend soin d’adapter à chacun de ses élèves en fonction de leurs niveaux : « J’ai beaucoup bossé le week-end avant la fermeture de l’école pour que tout se passe pour le mieux ». Des fiches imprimées à ses frais, reliées et envoyées par la poste le premier jour de confinement. « Il s’agit surtout de révisions, à la demande du rectorat. On ne va pas leur donner de nouvelles notions pendant le confinement ». En plus de ses cours soigneusement préparés, l’institutrice continue d’animer un module sur l’apprentissage de la langue des signes :
« Je leur envoie une vidéo tous les trois jours pour continuer de pratiquer et puis ça leur permet de me voir, c’est important d’entretenir le lien ! »
Entretenir le lien, et notamment grâce au téléphone. La professeure a instauré une boite mail « spéciale confinement », où les profs et les élèves peuvent poser des questions, envoyer les devoirs et pour ceux qui sont plus à l’aise avec le téléphone, Chloé Maisonnas répond aux mêmes horaires que les traditionnelles heures d’ouverture de la classe. « J’ai aussi prévu d’appeler toutes les semaines chaque famille pour savoir comment ça se passe à la maison et pour rassurer ! ». L’institutrice doit aussi faire face aux nombreuses inquiétudes des parents quant au retard de l’apprentissage de la lecture, primordiale dans la classe de CP : « Je l’affirme mes élèves n’auront pas de retard en lecture et à l’écrit, par contre en maths, ça sera plus compliqué… ce sont des activités qui sont très ludiques en classe. Là, à la maison c’est plus difficile. » Et si le confinement dure plus de 5 semaines ?
Le plan d’attaque de Chloé Maisonnas ne va pas au-delà… Mais elle sait déjà que la rentrée sera différente : « Avec mes collègues on se dit qu’il faudra certainement faire des semaines de révision ou de remise à niveau, c’est obligé. » En attendant cette rentrée un peu différente, l’institutrice garde le moral et avoue apprécier des journées « sans bruit », même si « les sourires de ses élèves commencent à lui manquer. »
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