Vous dirigez Diaverum en France et en Italie, pouvez-vous nous présenter brièvement votre offre et votre entreprise ?
Diaverum propose des soins néphrologiques et de dialyse à des patients atteints de la maladie rénale chronique. Ces soins vont de la prévention (nous participons ainsi au nouveau forfait de pré-suppléance IRCT depuis fin 2019), à toutes les formes de dialyse (en centre ou à domicile) jusqu’à la greffe (dans certains pays nous en permettant l’accès, en France cela se restreint à la phase amont de préparation à la greffe, et à la phase aval de suivi de greffe), le tout accompagné de soins de support (assistance sociale, diététique, psychologue).
Diaverum est présent via plus de 400 établissements de néphrologie et de dialyse et ce dans 20 pays en Europe, Asie et Amérique Latine et plus récemment en Afrique avec le Maroc. En France, nous prenons en charge 1 800 patients en dialyse sur 16 établissements, principalement dans les régions Ile-de-France et PACA.
Quels sont les impacts de la pandémie sur vos équipes et sur les traitements de vos patients dialysés que l’ont sait fragiles ?
Nos patients sont réputés fragiles, car leur âge moyen est supérieur à 70 ans, et ils ont plusieurs comorbidités majeures en général, en sus de leur insuffisance rénale. Le Covid-19 a une atteinte très péjorative sur notre patientèle. Mais l’impact pandémique est d’abord et surtout corrélé à nos emplacements, Diaverum ayant un établissement sur Mulhouse et trois en Seine Saint Denis notamment, au cœur des clusters parmi les plus actifs en France. Ce sont les deux départements où ont été observés un pic de surmortalité en mars notamment. À titre de comparaison, nous avons plus de patients Covid-19 à Mulhouse que sur tous nos 30 établissements en Italie réunis, pour la simple raison qu’ils sont au Sud de la péninsule.
Les impacts sont multiples, les équipes voient arriver une vague de patients puis une poussée plus lente sous forme de plateau montant. Il faut mettre en sécurité nos équipes médicales et soignantes et ajuster l’organisation et la protection en agilité avec la poussée épidémique. Il convient aussi de nous assurer de leur disponibilité et résilience au travers de cet épisode pandémique d’une extrême violence dans sa survenue. Il faut enfin organiser le triage des patients à chaque séance en amont de leur arrivée en salle de dialyse, tester patients et personnels si suspicion, isoler les flux entre les patients Covid+ et Covid-, etc… Il faut y ajouter d’assurer la continuité des opérations, ce qui implique de basculer tout le siège en mode télétravail, ce que nous avions anticipé dès la semaine avant le début du confinement.
Comment vous êtes vous organisés pour faire face ?
La force d’un groupe comme Diaverum est d’avoir pu prendre très tôt la pleine mesure de la menace et d’avoir agi avec force et détermination. Nous avons ainsi élaboré une politique de prise en charge de patients Covid-19 dès le 31 janvier 2020, avec cellule de crise opérationnelle dès le 4 février.
Nous avons ainsi profité d’un temps précieux pour décliner la politique groupe en procédure nationale en y intégrant les spécifiques réglementaires, pour former les équipes médicales et soignantes et enfin pour sécuriser nos approvisionnements (tant sur les lignes produits stratégiques que sur les équipements de protection).
Sur ces départements hyper exposés, nous avons aussi pu compter sur la force de notre projet médical et l’aspect unique de notre positionnement, étant soit le service de néphrologie de l’Hôpital Delafontaine à St Denis, soit situé sur site du CH Mulhouse. Nous avons ainsi une relation privilégiée avec les services de réanimation de ces deux établissements et pouvons faire jouer au mieux les collaborations public-privé et la proximité de travail avec nos équipes néphrologiques. Evidemment, ces services sont très rapidement arrivés à saturation, et nous avons dû nous organiser pour prendre en charge la grande majorité de nos patients Covid+ en dialyse, hors les quelques patients admis en réanimation.
Au final, notre organisation très centrée sur la qualité, tous nos établissements France étant certifiés A sans réserve ni recommandation, et une préparation logistique d’anticipation ont permis de mettre en confiance les équipes. Et leur permettre de donner le meilleur d’elles, tout en les sécurisant émotionnellement et techniquement de par le niveau de préparation et d’engagement de Diaverum.
Le travail, notamment culturel et humain, remonte à bien avant 2020 en fait.
Qu’apprendrez-vous de cette période ?
Qu’une guerre, sanitaire ou pas, cela se prépare avant qu’elle ne se déclare. Il convient de mettre en perspective la polémique sur les équipements de protection ou les tests avec le défaut d’anticipation de la menace et la conduite à tenir pour s’y préparer à temps. Diaverum a su apprendre de son positionnement dans différents pays, exposés différemment, proposant des réponses variables, et en prendre le meilleur.
Que la santé est au cœur des projets de toute société et qu’elle est d’abord une aventure humaine, bien avant d’être une affaire de technologies. Les technologies proposent des solutions incroyables, mais ce sont les équipes qui soignent !
Que dans les moments difficiles, les équipes donnent du sens et une vérité nouvelle à leur engagement dans la santé, et se révèlent plus fortes collectivement qu’individuellement en travaillant ensemble sur ce qui les réunit, nos patients.
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