Philippe Coy, buraliste : « On a la chance d’être ouvert »
Pour Philippe Coy c’est d’abord une satisfaction, « rester ouvert c’est être reconnu comme un commerce important et nécessaire. » Il est buraliste depuis 10 ans à Lescar, près de Pau (64), à 45 minutes de la frontière espagnole. Au téléphone, son accent du Béarn ne trahit pas sa fierté d’exercer ce métier : « on a vraiment un rôle de relai d’information. On a très vite affiché les gestes barrières nécessaires. » Depuis le confinement, certaines de ses activités ont été stoppées ou réduites : « comme la brasserie, le PMU, la vente de e-cigarettes… » et pourtant, il a décidé de garder ses 6 employés à plein temps « pour tenir la boutique. » Pour assurer leur sécurité, il a installé une vitre en plexiglass pour séparer les vendeurs des clients, « c’est le système D pour tous les buralistes. Au début on n’avait pas de gants, alors on utilisait ceux pour faire le ménage. » Des employés nécessaires pour accueillir les clients de la presse « même s’il me manque de plus en plus de stock », mais aussi les fumeurs.
En effet, depuis le confinement, comme beaucoup de buralistes aux frontières, Philippe Coy a observé l’augmentation de l’achat de tabac : « de 20% », au niveau national le chiffre grimpe à 30%.
On pourrait penser que c’est dû à l’anxiété de certains, à une manière de tuer l’ennui pour les autres… mais pas vraiment. « L’achat franco-français est dû à la fermeture de la frontière avec l’Espagne », assure le président national des buralistes de France.
Un phénomène déjà observé après les attentats du Bataclan en 2015 : « Il y avait beaucoup plus de contrôles aux frontières, deux heures de bouchons, donc les gens achetaient chez nous. »
Au quotidien, Phillipe Coy a perdu 50% du flux de ses clients, mais le panier moyen a augmenté de « 50%, les gens n’achètent plus le paquet, mais la cartouche. » Alors lui et ses collègues tentent de s’adapter à « l’effet confinement », « nous avons à gérer un afflux de clients mais aussi s’organiser pour l’approvisionnement ; on gère à flux tendu. »
Évidemment il le sait, cette consommation locale disparaîtra lors de la réouverture des frontières. Toute la question est de savoir dans combien de temps.
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