Maître de la loge du Grand Orient de France

Bonjour, et merci Monsieur d’avoir accepté de répondre à nos questions sur cette thématique de la place des réseaux dans la recherche d’emploi. Mais d’abord, l’aide des autres peut se faire théoriquement au grand jour, alors pourquoi avoir voulu garder l’anonymat pour cette interview ?

J’ai souhaité l’anonymat car je suis franc-maçon. La règle, en maçonnerie, est que seul un franc-maçon peut prendre la décision de révéler son appartenance à la franc-maçonnerie et auprès de qui il le fait.  Cette condition ne pourrait être respectée dans la situation présente.

On entend çà et là que la franc-maçonnerie est un réseau très fort d’entraide professionnelle entre les frères et les sœurs qui la composent. Que pouvez-vous nous dire et qu’avez-vous observé sur ce sujet ?

Mon expérience est bien différente. En effet, la motivation principale d’un franc-maçon n’est pas de rejoindre un réseau d’entraide, mais d’œuvrer à l’avènement d’une société plus humaine et progressiste par le biais de l’amélioration personnelle. En effet, la franc-maçonnerie postule que si les femmes et les hommes sont meilleurs, c’est à dire plus équilibrés dans leur jugement, plus tolérants, plus exigeants vis-à-vis des valeurs d’humanisme et de progrès, mais aussi plus fraternels, alors c’est toute la société qui le sera.

En 15 ans de maçonnerie, je n’ai jamais fait appel à l’entremise d’un frère ou d’une sœur pour des raisons professionnelles, et aucun ne m’a sollicité. 

En revanche, il est vrai qu’il est du devoir d’un franc-maçon de venir en aide à l’un de ses frères ou l’une de ses sœurs lorsqu’il ou elle est en danger ou dans une situation difficile. Mais on ne parle pas ici de l’obtention de passe-droits ou de petits arrangements.

Ceci étant dit, comme dans tous les groupes humains, certains peuvent essayer de tirer un profit personnel de l’influence de membres de l’obédience. Mais, encore une fois, c’est loin d’être la majorité, en particulier dans mon expérience au Grand Orient de France.

Si un franc-maçon doit affronter un choix cornélien entre une personne compétente et profane et une personne moins performante et membre de l’obédience, comment va-t-il ou doit-il arbitrer ?

Parmi les règles qui régissent la franc-maçonnerie, il est deux valeurs cardinales en la matière : la rectitude et la pondération. Il appartiendra au franc-maçon de prendre une décision fondée sur l’intérêt premier de l’entreprise et, par voie de conséquence, des collaborateurs qui y travaillent.  Il devra donc pondérer sa sympathie pour son frère ou sa sœur candidat.

Quelle est la place réservée aux femmes dans ce réseau de francs-maçons ?

Les femmes sont présentes depuis longtemps en franc-maçonnerie. Exclusivement féminine, la Grande Loge Féminine de France a été créée en 1952, et l’obédience maçonnique Le Droit Humain est mixte depuis sa création en 1893. Cependant, jusqu’au début des années 2010, il n’y avait pas de mixité au Grand Orient de France, l’obédience qui réunit le plus de membres en France. L’ouverture est faite et les femmes sont de plus en plus nombreuses à nous rejoindre, même si beaucoup reste à faire avant que celles qui représentent la moitié de l’humanité soient représentées à cette hauteur dans les loges du Grand Orient. 

Un demandeur d’emploi sera-t-il particulièrement aidé par ses frères et sœurs ?

Il le sera d’autant plus qu’il demandera de l’aide. Il pourra recevoir des conseils, être aidé dans certaines prises de contact, voire être mentoré. Tout dépend des personnes qu’il connait au sein de l’obédience, comme partout ailleurs. A ce sujet, il n’y a aucune règle et aucun processus établi au sein de l’obédience.

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