Interview d’Alexis Bouchara – ALF

Pouvez-vous présenter votre parcours ?

Je suis opticien diplômé depuis 15 ans, j’ai tout d’abord travaillé dans un magasin sous enseigne. J’y ai vendu des montures relativement classiques pendant 3 ans. A l’époque, mon ambition était de trouver un poste dans une boutique de créateurs qui proposait des produits de niche, haut de gamme et exclusifs.  En 2008, j’ai été embauché par la société OPTA à Montmartre et j’y suis resté 10 ans. Je m’y suis forgé une culture « lunette », j’y ai appris à reconnaître une monture bien fabriquée. J’ai toujours été passionné par l’artisanat et le travail manuel, j’ai donc longtemps cherché une formation spécialisée dans la fabrication de montures jusqu’à ce que certains « meilleurs ouvriers de France », décident d’ouvrir une école à Morez dans le Jura, le berceau français de la lunetterie. J’y ai passé 3 semaines. Sans le savoir, je venais de passer les 3 semaines de formation les plus importantes pour mon futur. Jusque là, mon ambition était d’ouvrir une boutique, avec un concept « original » certes, mais une boutique. Cette aventure marque un changement de cap : j’ai décidé de créer une marque de lunettes.

Pouvez-vous présenter votre entreprise ? Pourquoi avez-vous eu envie de vous lancer dans cette aventure ?

J’ai lancé ma marque de lunettes ALF (Atelier de Lunetterie Français) il y a un peu plus de 18 mois maintenant, avec mon frère Germain. Il est en charge de la distribution et de la gestion de l’entreprise, je m’occupe de la création. Nous sommes très complémentaires car nous avons chacun nos compétences. J’ai décidé d’introduire une nouvelle marque pour un certain type d’opticiens qui souhaitent se différencier en proposant « moins mais mieux », avec des produits plus authentiques, plus réfléchis, et mieux fabriqués. 

Quels sont vos choix stratégiques pour vous différencier et vous démarquer des fabricants qui possèdent souvent des marques fortes ?

Les lunettes ALF sont des lunettes dans lesquelles j’ai mis, selon mon humble avis, tout ce qui se faisait de mieux dans la lunetterie : la fabrication française, l’acétate japonais (plus durable), les charnières rivetées (plus robustes), des verres minéraux (inrayables et de qualité optique supérieure aux verres organiques), photochromiques (la teinte du verre évolue en fonction de la luminosité ambiante). Le style de notre collection est volontairement classique. Je m’inspire beaucoup des modèles français des années 40 qui sont, toujours d’après moi, les plus beaux de l’histoire de la lunetterie. Tous ces « ingrédients » ont été associés pour aboutir à une paire de lunettes intemporelle et durable.

Quelles difficultés (administratives, financières, production…) avez-vous rencontrées lors de la création de votre entreprise ? Comment avez-vous su y faire face et les surmonter ?

La plus grosse difficulté que j’ai eu à surmonter pour lancer la première production a été le financement. Aucune banque n’accepte de financer du « stock ». Elles ne prennent aucun risque de ce type. Pour surmonter cette difficulté nous avons, mon frère et moi, créé une société de conseil dans nos domaines de compétences. Toutes les recettes ont été thésaurisées et nous avons pu lancer la production de la première collection. Il nous a aussi fallu trouver un fabricant français sérieux qui nous fait confiance, qui croit en notre projet et qui accepte de démarrer ses machines pour de petites quantités. Après quelques voyages dans le Jura et dans l’Ain, nous avons trouvé la perle rare en Normandie, à coté d’Evreux.  

Racontez-nous votre épreuve la plus difficile. Comment avez-vous fait pour la transformer en victoire ?

Le week-end dernier ALF devait participer au salon copenhagen specs (qui devait nous ouvrir les portes de la Scandinavie). Malheureusement, quelques heures avant son ouverture, son annulation a été annoncée (Covid 19). Le souvenir d’une discussion lors d’une réunion de famille revint à l’esprit de Germain : notre grande Tante dît à ses 5 enfants tous commerçants : « Tous les ans il y a un problème, et tous les 10 ans il y a un gros problème. Alors adaptez-vous, soyez créatifs et habiles pour atteindre votre but ». Nous avons donc contacté les agents distributeurs sur place, ainsi que les points de ventes que nous voulions visiter. Résultat : nous sommes en pourparlers avec des agents pour la zone scandinave ainsi qu’avec des points de ventes très intéressés par nos produits et notre univers.
Malgré la fermeture de certains point de ventes le lendemain, nous avons laissé une preuve de notre intérêt en glissant sous la porte notre carte de visite et une carte postale décrivant tous les points essentiels de nos produits.

Quels sont vos objectifs et vos ambitions à court et moyen terme ?

Notre objectif est de développer, en premier lieu, le réseau de distribution français puis européen. Nous avons aujourd’hui une trentaine de clients en France et une soixantaine sur toute l’Europe. Nous visons, à long terme, une centaine de boutiques en France et 500 sur toute l’Europe.
Notre ambition est de faire de nos lunettes un objet que l’on transmet de génération en génération comme une belle montre, un beau stylo.

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