Le « covidien » de David Sempé – Facteur

David Sempé, facteur : « Mon travail n’a pas changé, c’est bien le souci »

Quand les habitants confinés de St Jean-De-La-Ruelle (Lot-et-Garonne) le voient tendre du courrier sur son vélo électrique, beaucoup l’interrogent : « mais pourquoi vous continuez de travailler ? ». Même lui, David Sempé, se pose la question. Voilà 20 ans qu’il exerce le métier de facteur dans le Loiret. Avant l’arrivée de la pandémie en France, ses journées commençaient à 6h15 et se terminaient à 13h15. 42 heures de travail, 5 jours sur 7. Aujourd’hui ? Même routine. Pas de télétravail possible et même s’il a bien essayé de faire jouer son droit de retrait, sa direction lui a refusé. Alors David Sempé continue de faire sa tournée quotidienne dans le quartier des chaises, un quartier populaire de la commune au 16.000 habitants. Le facteur confirme, le flux de courrier n’a pas réduit depuis le confinement : « et c’est bien ça le problème », « je n’ai pas de souci à livrer les lettres, ou même la presse, je comprends, mais quand je vois qu’on continue de distribuer des pubs pour des soins esthétiques ou des colis Amazon, là je me dis qu’on devrait redéfinir l’urgence du service public. »

Attraper le Covid-19, est possible à chaque instant. Digicodes, boîtes aux lettres, poignées de portes : des menaces permanentes qui l’angoissent depuis quelques semaines. Quant aux protections, elles sont réduites : « avant cette semaine on n’avait même pas de gel hydro-alcoolique », regrette-t-il. Pas de masque non plus pour lui et ses collègues. D’après le facteur, sa direction n’a qu’un mot à la bouche : « respecter les gestes barrières ». Des distances de sécurité qu’il parvient à mettre en place lorsqu’il trie le courrier avec ses collègues mais plus compliquées à imposer lors de la distribution : « il y a des gens qui continuent de demander s’ils ont reçu du courrier en se collant à nous dans la cage d’escalier. » Dans les prochains jours, son rythme de travail sera réduit : les facteurs ne distribueront plus que le mercredi, jeudi et vendredi « la mesure arrive un peu tard mais c’est déjà bien. » Ce nouveau rythme ne l’empêchera pas de respecter son nouveau rituel une fois la journée terminée : « je retire tous mes vêtements en passant la porte de chez moi et ça part directement à la machine ». Pas question de livrer le coronavirus chez lui. 

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