Interview d’Olivia de Roubaix – Secrétaire Générale chez Unilabs France

Unilabs est un des leaders du diagnostic in vitro, quelle est votre offre ?

Implanté dans 17 pays majoritairement européens, Unilabs est le leader du diagnostic médical.

En France, Unilabs c’est avant tout 2 500 collaborateurs, dont 250 médecins et pharmaciens, répartis sur 160 sites à travers le territoire.

Ces professionnels de santé reçoivent plus de 7 millions de patients chaque année en assurant des services de biologie médicale de routine, spécialisée (Assistance médicale à la procréation et génétique) et en anatomocytopathologie médicale.

Comment avez-vous organisé vos équipes et vos process pour faire face à la pandémie mais aussi aux demandes massives et au surcroit d’activité en urgence ?

Schématiquement, depuis le déclenchement de la crise sanitaire en France, nous avons dû faire face à 3 phases principales :

1ère phase :
  • La découverte de premiers éléments épidémiologiques du virus qui nous a tout de suite sensibilisé à la protection de nos collaborateurs : nous avons lancé la diffusion des recommandations de sécurité, l’état des lieux de nos équipements de protection sur chacun des sites, celui de nos capacités de prélèvement et l’attente des instructions gouvernementales.
2ème phase :
  • La période du confinement a fait chuter la fréquentation de nos laboratoires pour l’activité « de routine ». Nous avons 3 segments de clientèle en biologie médicale dont la part varie selon la patientèle du laboratoire :
    • Les patients directs qui se rendent, comme vous et moi, dans un laboratoire de proximité,
    • les infirmières libérales qui font des soins à domicile et qui nous apportent les tubes de leurs patients lorsqu’elles font un prélèvement,
    • et enfin les établissements de soins privés : cliniques, maisons de retraite, etc.

Nous avons perdu toute la patientèle directe dès le premier jour de confinement (environ 50% de l’activité sur toute la France) et n’avons gardé que les bilans urgents des établissements ou les suivis de pathologie spécifique : traitement chimiothérapie, maladies cardiovasculaires, diabète, femmes enceintes…

3ème phase :
  • Enfin la troisième étape, déclenchée depuis le 17 mars, a ouvert aux laboratoires privés le droit de faire le prélèvement et le test du COVID-19. Nous avons dû rappeler du personnel pour modifier complétement l’organisation des laboratoires : nous avons dédié des sites au dépistage du COVID ainsi que des plateaux techniques pour ne pas contaminer le reste du laboratoire et nous montons en puissance sur le volume des demandes.

Partout en France, comme dans beaucoup d’autres pays Unilabs, nous avons mis en place des « Drive labo » qui permet aux biologistes de faire les prélèvements nasopharyngés des suspects COVID-19 directement dans leur voiture et ainsi limiter le risque de contagion. Nous nous sommes fait livrer des machines qui nous permettent de faire le test en interne.

Concrètement, en premier lieu nous avons acté de la mise en sommeil de la quasi-majorité de nos projets en cours pour dédier toutes nos forces à ces circonstances exceptionnelles.

Puis avons établi une première liste de mesures de première urgence et de leviers utiles pour contenir la crise. Cette liste s’est enrichie et nous l’avons structuré en Plan global de continuité de l’activité.

Ce plan embrasse tous les domaines de notre activité : Médical, Opérations (machines, flux…), ressources humaines, communication interne/externe, lobbying et relations avec les tutelles, achats/approvisionnement, et enfin Finances.

Pour chacun d’entre eux, un chef de projet anime une équipe, « une cellule » qui déploie le plan d’action et nourrit son suivi.

La première Cellule COVID+ est celle du COMEX France qui se réunit tous les matins à 8h depuis le 13 mars pour analyser, arbitrer et anticiper. Nous revoyons les hypothèses du Stress Test pour anticiper et tester la résistance de l’organisation (impacts supply chain, qualité, réglementation, absence/présence des employés, fermeture de sites / fermeture complète, mise sous contrôle des dépenses : OPEX et CAPEX, risks scoring…) et du redémarrage.

Toutes les cellules de crise se réunissent tous les jours en visioconférence ou téléphonique et nous alimentons les mêmes documents de suivi sur une plateforme partagée.

Qu’apprendrez-vous de cette période ?

Cette crise sanitaire est difficile à plusieurs titres, dans nos vies personnelles avec le confinement, les mesures de prévention obligatoires… et dans nos vies professionnelles avec le télétravail sur une longue période, les contacts dématérialisés avec nos collègues, mais aussi les changements permanents, l’incertitude, et le stress lié au virus lui-même.

Nous aurons beaucoup appris sur nos capacités d’adaptation, l’agilité de nos organisations et sur les capacités créatives de nos équipes. Nous avons vu la solidarité et la générosité de nos collaborateurs, qui sont tous professionnels de santé, se manifester immédiatement.

Nous avons aussi constaté que la prise en charge des patients, exacerbée en période de crise sanitaire, gagnerait si les structures publiques et privées collaboraient davantage et se complétaient. Après l’épidémie, nos représentants aborderont ces points et nous tirerons les leçons et bonnes pratiques de cet épisode exceptionnel dans l’intérêt de la santé publique.

Quelle sera votre journée d’aujourd’hui de Dirigeante ?

Je me connecterai à 8h pour la Cellule COVID+ du Comex France, pour faire le point sur toutes les actions en cours et à anticiper : climat social, mesures de suivi de la masse salariale pour l’ajustement des ressources à l’activité, déploiement et ouverture des Drive, capacités de production régionales, état des stocks des équipements de protection masques, gants…

La journée sera chargée de call avec les équipes RH et régionales. A 13h, nous avons un webinar avec les 100 managers du réseau pour les assurer du soutien de la Direction et leur donner l’opportunité de poser leurs questions au Comex.

Je finirai avec le reporting quotidien sur mes sujets, qui servira de base de discussion du lendemain et qui nourrit le groupe.

Si ce soir le gouvernement fait une nouvelle annonce, un petit call debriefing s’imposera peut-être pour le Comité de Direction…

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