Interview de Patricia Chesnais – Directrice Générale GETINGE France

Getinge est un des leaders mondiaux de la ventilation artificielle. Où en est la filiale française après ces premières semaines de pandémie ?

Nous sommes engagés auprès des établissements de santé et avons fait face à l’afflux de demandes de respirateurs de réanimation. Au départ, nous avons immédiatement mis à disposition des établissements les machines qui nous servaient à des formations ou des congrès pour aider rapidement les premiers clusters. Ensuite, la demande est devenue nationale ! Dans un contexte où le virus est présent mondialement, la production de Getinge est allouée là où la crise est la plus aigüe. Ces allocations sont revues chaque semaine en fonction des chiffres fournis par l’Université Johns-Hopkins et des informations officielles locales.

Nous communiquons de façon quasi quotidienne avec les autorités de santé qui ont la vision exacte de la localisation de nos respirateurs en France, des commandes et des arrivages chaque semaine.

Nous avons une équipe clinique et une équipe de techniciens qui sont toutes deux d’astreinte 7 jours sur 7 et 24h sur 24 pour aider au mieux le personnel soignant qui prends en charge les patients COVID-19 sous respirateurs.

Nous sommes également très proches des sociétés savantes afin de leur communiquer toutes les informations que nous avons, d’échanger, leur montrer notre soutien et de les accompagner. Par exemple la SFAR (Société Française d’Anesthésie et de Réanimation) a préconisé dans certains cas et de façon exceptionnelle la ventilation des patients COVID+ avec des appareils d’anesthésie en l’absence de ventilateurs de réanimation disponibles. Nous avons alors mis en ligne des guides simples d’utilisation, des formations claires pour le personnel soignant.

Les constructeurs automobiles américains et français ont annoncé se lancer dans la fabrication de respirateurs ? Quand on connait les spécificités techniques de ces machines, les brevets existants, les normes de qualité à mettre en place et la réglementation drastique imposée tout cela est-il bien sérieux ?

Un respirateur est fait de presque 200 pièces détachées et c’est une véritable expertise, effectivement. Au bout d’un respirateur, on trouvera toujours un patient dans une situation critique alors il est impératif que chaque appareil soit conforme à la règlementation et ait subi de nombreux tests et qualifications qui en font un appareil sûr.

Nous avons été contactés par la DGE (Direction Générale des Entreprises) pour aider à la production de nos respirateurs en Suède – soit en fabriquant des pièces détachées soit en produisant des respirateurs. Je comprends la bonne volonté et j’espère que des solutions seront trouvées, néanmoins la sécurité des patients ne doit pas être compromise au profit d’un affolement général où les règles ne sont pas bien claires. C’est une crise inédite et personne n’y était préparé…

La Suède, où vous fabriquez, est l’un des très rares pays qui n’a pas encore opté pour le confinement. Est-ce un facteur favorable ?

Nos usines en Suède ont pris toutes les mesures pour que la production ne soit pas impactée, confinement ou pas confinement – humaines, technologiques, sanitaires, etc.

Qu’apprendrez-vous de cette période ?

Ayant travaillé pour les marchés émergents, j’avais appris la résilience. Je la vis pleinement actuellement !

Les personnes se dévoilent et montrent leurs vraies natures ! J’ai dû dénoncer des escrocs aux autorités ces derniers jours, qui profitent de la situation dramatique que nous vivons en faisant du trafic de respirateurs.

Mes équipes Getinge France, à l’inverse, ont de belles valeurs et je suis fière d’elles qui, à tout niveau, font leur maximum pour aider ou s’entraider si les respirateurs ne sont pas leur expertise.

Quelle sera votre journée d’aujourd’hui de Dirigeante ?

Elle sera dense… Je vais avoir des contacts, comme tous les jours, avec les autorités. Un CSE parce qu’il faut communiquer de manière transparente avec les élus, sur ce que je sais et ce que je ne sais pas de la situation et de ses implications.

Une conférence téléphonique, qui était prévue bien avant la crise, entre les équipes service technique, marketing et commerciales sur la transversalité, le « travailler ensemble ».

Et, comme tous les jours depuis le début de la crise, quelques appels aux équipes, pour savoir comment les personnes vont, leur dire merci et parler d’autre chose, ce qui nous fait du bien mentalement.

J’essaierai également de faire une petite séance de pilates dans mon appartement, afin de « bouger » un petit peu et m’aérer un peu l’esprit, ce qui est nécessaire, les journées et nouvelles étant éprouvantes.

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