Interview Vincent Hillenmeyer, ex COO @H4D

Qu’est-ce que l’e-santé ?
L’e-santé désigne toutes les applications, services ou produits, qui touchent à la santé et qui impliquent la transmission et l’utilisation de données numériques. L’e-santé se développe de plus en plus chaque jour et ouvre des champs d’applications infinis. Elle englobe plusieurs autres sphères comme la télémédecine, la m-santé, la téléconsultation, etc. Dans ce cadre, il est important de faire une distinction entre la santé au sens large (tout ce qui touche au bien être) et la médecine (comme la télémédecine), cette dernière ayant des exigences beaucoup plus fortes. En France, suite au décret du 19 octobre 2010, seule la télémédecine fait l’objet d’une définition dans le Code de la Santé Publique elle est défini comme : « forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication ». L’acte de télémédecine est donc reconnu comme un acte médical à part entière, et se voit imposer les mêmes conditions de qualité, de déontologie et de confidentialité que tout autre acte médical.

Quelles compétences sont recherchées en e-santé ?
Le propre de la télémédecine et de l’e-santé, c’est de sortir des champs traditionnels de la médecine, de les élargir. C’est donc une combinaison de compétences qui est nécessaire et qui va faire le succès du secteur, et non pas forcément seulement de nouvelles compétences.

J’ai eu l’occasion de développer une entreprise de télémédecine où nous étions sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Ce que je trouve particulièrement riche, c’est que l’on avait dans notre équipe des profils extrêmement différents qui ne venaient pas forcément du monde médical. Dans l’équipe de la R&D, il y avait des ingénieurs sans vécu dans le médical qui ont apporté leurs connaissances et ont intégré les exigences du secteur, mais également une équipe de personnes qui maîtrisaient la réglementation, à la fois européenne et internationale. Pour vendre notre produit aux entreprises, nous avions choisi des commerciaux qui ne venaient pas non plus du monde du médical, car ils devaient avoir un vécu et un discours adapté aux entreprises. Comme nous offrions aussi un service d’accès médical, il nous fallait aussi avoir une direction médicale ainsi qu’une équipe de médecins, que nous formions à la pratique télémédicale, et également une équipe de coordination médicale, qui savait parler à des médecins. Finalement, c’est dans ce dernier groupe que les compétences médicales étaient indispensables.

Quelles sont les formations nécessaires à cette nouvelle économie ?
On voit enfin seulement maintenant arriver des formations en télémédecine. Ces formations aident les médecins à transposer ce qui est appris en formation médicale dans un contexte de télémédecine, car il y a des impératifs réglementaires et de sécurité à respecter, en effet on ne peut pas tout faire à distance.

Une dimension qui m’a frappé dans ces formations, que ce soit en France ou aux Etats-Unis, et qui rejoignait ce que nous avons vécu dans notre entreprise, c’est cette nouvelle forme de communication qui est nécessaire. On ne communique pas de la même façon à distance et en présentiel : la communication, l’empathie, l’écoute, le phrasé, tout cela doit être adapté. Ce sont donc des compétences personnelles et non techniques qui sont à développer. Toute une éducation est à faire également vis-à-vis des utilisateurs pour qu’ils soient pleinement à l’aise avec ces nouveaux modes tels que la télémédecine. Car il y a un enjeu d’adoption par les utilisateurs, et cette adoption va prendre du temps. Aux Etats-Unis, qui sont en avance dans le domaine par rapport à l’Europe, le rythme d’adoption de la télé médecine a été somme toute très lent ; cela risque d’être le même cas pour la France.

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