Le « covidien » de Cyrille Picot – Hôtelier à Avignon

Pas de clients à accueillir, alors Cyrille en profite pour jardiner et bricoler. Et il a de quoi faire : son terrain fait plus de 8000m2. Normalement, à cette saison, les clients commencent à remplir le Domaine de Rhodes, un ancien relais de chasse du XVIème siècle, transformé en chambres d’hôtes situées au cœur de l’île de la Barthelasse, juste à côté d’Avignon.  Cela fait maintenant 5 ans que Cyrille Picot et sa compagne, Emmanuelle, ont repris les clés de cette charmante demeure. En février dernier, leur période « creuse », Cyrille et Emmanuelle sont en vacances au Vietnam. Lorsqu’ils ont accès à internet, ils commencent à s’inquiéter face à l’afflux d’annulations « on a beaucoup d’Asiatiques dans notre clientèle », explique-t-il. Mais le vrai premier coup dur pour le couple « c’est quand on apprend le confinement ». Leur première réaction ? « On a regretté de ne pas être salariés ». 

 « On accueillait déjà moins de monde, on faisait attention ». Le dernier client qui a quitté les lieux était Tchèque. Depuis, plus question d’accueillir qui que ce soit. Pour les hôteliers c’est l’inquiétude : le Domaine de Rhodes va-t-il survivre ? Leur prêt bancaire est « énorme », ils craignent de devoir mettre la clé sous la porte.

« Même l’été quand on est à 100%, on a du mal à se sortir un salaire », « et puis on a compris que notre prêt était décalé, donc on s’est dit qu’on était tiré d’affaire ». 

Mais « un deuxième coup dur » noircit le tableau : l’annulation du festival d’Avignon. « C’est un cataclysme pour la ville » raconte-t-il. Comme beaucoup d’hôteliers, Cyrille et Emmanuelle profitent de l’afflux de spectateurs dans la Cité des Papes en juillet, « près de 700.000 visiteurs ». « L’annulation du festival, je m’en doutais » lance Cyrille. « Sur le plan économique c’est dur bien sûr, mais sur le plan personnel c’est très triste d’imaginer un mois de juillet sans festival ». Depuis 7 semaines, ils s’occupent « on fait les travaux qu’on n’a jamais eu le temps de faire, comme de la peinture, beaucoup de peinture ». S’ils avouent ne pas être sereins sur le plan professionnel « on dort mal, c’est vrai », le couple « de nature optimiste » essaye de voir le bon côté : « on a la chance d’être dans un havre de paix, on le vit plutôt bien ». Et quand ils ne lisent pas la presse ou ne sont pas en train de tailler les haies, les amoureux imaginent le début de saison : « on imagine comment s’organiser pour le petit-déjeuner qui est normalement un buffet, on fera certainement un service à table, on se demande si on pourra ouvrir la piscine aussi et puis il va falloir mettre le paquet sur la propreté ». Pour autant, ils se disent « lucides » sur l’avenir. Pas certains que les étrangers réservent pour cet été « on attend de voir si certaines frontières vont être ouvertes, et puis évidemment certains n’auront pas les moyens de venir ». Néanmoins, ils espèrent avoir de nouveaux clients « des Français, qui ont envie de se retrouver à la campagne, de découvrir la Provence ». 

Cyrille et Emmanuelle espèrent bien accueillir de nouveaux clients début juin « au moins en juillet » rêvent-t-ils. Et l’endroit, testé par la rédaction à plusieurs reprises, vaut plus qu’un coup d’œil sur internet… surtout quand on aime la lavande. 

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