Le « covidien » de Yannick Himber – Neuropsychologue

Yannick Himber, neuropsychologue : « Les parents peuvent enfin se rendre compte de la réalité du bilan neuropsy de leur enfant. »

Le premier réflexe de Yannick Himber : récupérer ses dossiers et son imprimante du cabinet « la mienne ne fonctionne pas bien ». Des outils indispensables s’il veut continuer de suivre ses patients depuis chez lui. Ce Romanais d’origine est neuropsychologue, son cabinet se situe dans le centre ville de Grenoble. D’habitude, ses journées sont rythmées par le défilé d’enfants et d’adolescents, la majorité de sa clientèle. Le neuropsy effectue deux types de consultations : les bilans neurologiques et les suivis de patients « des remédiations cognitives ». Pour travailler, le praticien utilise divers outils « les enfants dessinent, ils peuvent aussi manipuler des objets » raconte-t-il. Des exercices impossibles à mettre en place à distance. 

Quand il appelle ses patients pour annuler ses rendez-vous, pour beaucoup de parents et d’enfants « c’est le stress ». « Certains enfants avaient besoin d’être rassurés, d’autres étaient en colère ». De la colère, comme cet enfant, inquiet de ne plus revoir ses « copains ». Il demande au psy : « pourquoi les gens transmettent le virus alors qu’on leur dit de faire attention ? ». Depuis, la colère et le stress se sont un peu tassés. Le neuropsychologue reçoit moins de messages angoissés de la part de ses patients. « C’est surtout du côté des parents ». Des parents qui ne sont pas habitués à mêler éducation et télétravail en même temps : « surtout que ce sont des enfants en général avec des difficultés, comme des troubles de l’attention ». Alors, au bout du fil, il essaye de rassurer et de donner des conseils « je propose aux parents de mettre en place un planning pour toute la famille, avec les contraintes de chacun pour que l’enfant comprenne quand les parents travaillent ». Le psy conseille aussi, quand cela est possible, de différencier les temps de travail entre les deux parents. Une période loin d’être évidente pour les plus jeunes qui pourraient créer, selon le spécialiste, « des sources d’angoisses post-confinement : comme le retour à l’école. Ça va être compliqué pour ceux qui décrochent de devoir retourner à l’école pour étudier alors qu’ils peuvent le faire à la maison ». Pourtant, le médecin en a la preuve, le confinement familial peut avoir du bon : « des parents peuvent enfin se rendre compte de la réalité du bilan neuropsy de leur enfant ».

De son côté, Yannick a gardé une seule consultation hebdomadaire : un adolescent de 15 ans en décrochage scolaire « on voulait avec ses parents qu’il garde un rythme, un contact avec l’extérieur » explique-t-il. Si Yannick continue d’être aux petits soins pour ses patients, sa perte de revenu se réduit comme peau de chagrin « moins 80% au mois de mars et 95% au mois d’avril ». Même sa liste d’attente post-confinement ne suffira pas à combler le manque à gagner. A la fin du confinement, il craint que la santé des enfants ne soit plus financièrement possible pour beaucoup. 

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